Troubles psychotiques et troubles du sommeil : revue de la littérature
Magalie Lussier-Valade
M.D., FRCPC, psychiatre-fellow King’s College London
Alex Desautels
M.D., FRCPC, Ph. D., neurologue, Service de neurologie, Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal, directeur du Centre d’études avancées en médecine du sommeil (CÉAMS), Professeur adjoint, Département de neurosciences, Université de Montréal
Roger Godbout
Ph. D., Psychologue, Laboratoire et clinique du sommeil, Hôpital-Rivières-des-Prairies, Professeur titulaire, Département de psychiatrie, Université de Montréal
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RÉSUMÉ Contexte La disparition de la nomenclature des troubles du sommeil dits primaires ou secondaires, rendue obsolète par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), représente bien l’engouement académique actuel pour ce domaine de recherche. Il est de plus en plus reconnu que les troubles du sommeil sont plus que de simples conséquences d’un trouble psychiatrique et qu’ils peuvent persister malgré un traitement adéquat de la condition comorbide et même précéder ou exacerber cette dernière. Les troubles du sommeil dans les troubles psychotiques, très fréquents, sont donc devenus un sujet d’actualité, représentant une cible d’intervention jusqu’ici sous-estimée.
Objectif Cet article vise à présenter l’état des connaissances actuelles sur la relation entre les troubles du sommeil et les troubles psychotiques ainsi que sur l’utilisation de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour traiter les troubles du sommeil dans ce contexte.
Méthode L’article fait une recension narrative de la littérature pour décrire la relation bidirectionnelle entre la psychose et les troubles du sommeil, les corrélations cliniques et les traitements ciblant l’insomnie chez les patients psychotiques.
Résultats Malgré la présence d’une relation entre les troubles du sommeil et les troubles psychotiques, les mécanismes neuronaux, hormonaux et socioculturels régissant cette relation demeurent encore incertains. Bien que l’association reliant les troubles du sommeil et les troubles psychotiques demeure à clarifier, les études démontrent qu’elle serait bidirectionnelle et peut engendrer un cercle vicieux où ces deux composantes s’aggravent mutuellement. Dans ce contexte de comorbidités, les modèles unifiés en TCC deviennent un traitement de choix, à condition d’adapter les protocoles de TCC pour insomnie (TCC-i) à une population avec trouble psychotique (TCC-ip).
Conclusion Malgré la complexité de la relation entre les troubles psychotiques et ceux du sommeil, la TCC-i a été démontrée efficace pour traiter les troubles du sommeil dans une population psychotique et pourrait, dans certains cas, permettre d’alléger la symptomatologie psychotique. De futures études sur ce domaine pourraient permettre le développement de protocoles de thérapie cognitivo-comportementale pour les troubles du sommeil mieux adaptés à la population avec troubles psychotiques.
Mots-clés troubles psychotiques, schizophrénie, troubles du sommeil, insomnie, TCC, sommeil
Psychotic disorders and sleep disorders: A review
ABSTRACT Context Psychotic disorders are severe mental disorders that can cause a loss of contact with reality. Along with positive symptoms (delusions and hallucinations), they also encompass many other dysfunctions, such as sleep problems, which themselves can cause great distress and impairment in patients.
Objective To review current literature on the relationship between sleep disorders and psychosis, on the clinical impact of such a relationship, and the psychological treatment of sleep disorders in the context of psychosis.
Method Narrative overview of the literature synthesizing the findings about the relationship between psychosis and sleep disorders, and the psychological treatment of the latter, retrieved from searches of computerized databases, hand searches, and authoritative texts.
Results Evidence shows a bidirectional relationship between psychosis and sleep disorders. Despite many hypotheses involving genetics, hormones, or neuronal functions regarding the nature of this association, the exact mechanism remains elusive. However, sleep-related problems are an interesting therapeutic target to improve quality of life and psychotic symptoms and respond well to psychological interventions.
Conclusion Patients with psychotic disorders can benefit from CBT for insomnia, given a few adaptations to existing protocols. Additional studies are necessary to determine which patients are most likely to benefit from such interventions and to clarify the relationship between psychosis and sleep disorders, and the clinical implications of them co-existing.
Keywords psychotic disorders, schizophrenia, sleep disorders, insomnia, CBT, sleep
Auteurs : Magalie Lussier-Valade, Alex Desautels etRoger Godbout
Titre : Troubles psychotiques et troubles du sommeil : revue de la littérature
Revue : Santé mentale au Québec, Volume 44, numéro 2, automne 2019, p. 163-194
URI : https://id.erudit.org/iderudit/1073528ar
DOI : https://doi.org/10.7202/1073528ar
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