Venir de loin et se retrouver : intervention de groupe pour femmes immigrantes et réfugiées ayant vécu la violence

Maryse Benoit
Psychologue, Ph. D., Professeure au département de psychologie, Université de
Sherbrooke. Chercheure à l’Institut universitaire de première ligne en santé et
services sociaux (IUPLSSS).
Louise Rondeau
T.S., M.S.S., Chargée de cours à l’école de travail social, Université de Sherbrooke
Elizabeth Aubin
Psychologue, D. Psy., Chargée de cours au département de psychologie, Université
de Sherbrooke.

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Maryse Benoit

RÉSUMÉ Objectifs Cet article a une visée clinique et présente une intervention novatrice pouvant être offerte dans différents milieux de pratique. Il est question ici d’une intervention de groupe s’adressant plus spécifiquement à des femmes immigrantes et réfugiées qui ont vécu différentes formes de violence. Les répercussions de l’exposition à la violence intentionnelle et déshumanisante, jumelées aux défis liés à la migration et à l’exil forcé, peuvent fragiliser les individus et mettre à l’épreuve leurs capacités d’adaptation. Bien que le soutien psychologique et psychosocial au cours des années qui suivent leur arrivée peut s’avérer salutaire les personnes immigrantes et réfugiées ont peu recours aux services institutionnels, et des experts pointent le manque d’adéquation des services offerts à cette population. Il s’avère donc indispensable de promouvoir le développement d’interventions plus signifiantes pour ces personnes, en vertu du principe d’équité et d’égalité des chances d’accès à des services adéquats, mais aussi pour mieux outiller les intervenants en leur fournissant des interventions sécuritaires et culturellement sensibles. C’est dans cette perspective qu’a été élaborée en 2010 une intervention de groupe pour des femmes immigrantes et réfugiées ayant vécu la violence, fruit d’une collaboration entre des chercheuses de l’IUPLSSS et des intervenantes du CIUSSS de l’Estrie-Chus.
Méthode Cet article vise en premier lieu à présenter cette intervention de groupe. Il sera notamment question de son caractère novateur ainsi que du rationnel clinique et empirique qui sous-tend le choix de ses principales composantes, soit le format de groupe et les modalités artistiques. S’ensuivra une description plus détaillée de l’intervention quant à ses objectifs, son déroulement et certaines composantes essentielles pour assurer sa portée thérapeutique et l’établissement d’un espace sécuritaire. En second lieu, l’article présente brièvement les données préliminaires d’une étude en cours visant notamment à évaluer les retombées de cette intervention. Dans le cadre de cette étude, des données qualitatives et quantitativesont été recueillies auprès de 3 groupes (n = 17) et soumises à des analyses de contenu et des analyses quantitatives non paramétriques pour mesurer les changements entre le pré et posttest.
Résultats En ce qui concerne plus spécifiquement l’étude en cours, les résultats préliminaires des analyses qualitatives et quantitatives montrent que les femmes ayant participé aux groupes rapportent à la fin de l’intervention une diminution des symptômes de stress posttraumatique de même que des améliorations sur différentes dimensions de leur bien-être.
Conclusion La conclusion met en exergue les avantages et les limites de cette intervention, mais aussi sa pertinence pour les milieux de pratique. Bien que n’étant pas l’unique réponse pour intervenir en contexte interculturel et postviolence, cette intervention représente une option de choix pour octroyer des services adaptés à la réalité et aux besoins de personnes immigrantes et réfugiées.

Mots-clés intervention de groupe, expression créatrice, intervention interculturelle, réfugiés, immigrants, violence organisée, violence faite aux femmes, trauma, adaptation des services

Coming from Afar and Rediscovering Oneself: Group Intervention for Immigrant and Refugee Women Having Experienced Violence

ABSTRACT Objectives This paper has a clinical perspective and presents an innovative intervention that could be offered in different institutions and practice environments. The object here is a group intervention addressed specifically to immigrant and refugee women having experienced different forms of violence. The consequences of being exposed to intentional and dehumanizing violence, paired with the challenges associated with migration and forced exile, can fragilize the individuals and challenge their capacity to adapt. Even though psychological and psychosocial support in the years following their arrival could be beneficial, immigrants and refugees rarely use institutional services, and experts point out that the services are not tailored to them. In that respect stems the importance of promoting the development of more meaningful interventions for immigrants and refugees, in accordance with the principle of equity and equality of chances to have access to appropriate services, but also to better equip the specialists by giving them access to safe and culturally sensitive interventions. Following that perspective, a group intervention for immigrants and refugees having experienced violence was created in 2010 with the collaboration of researchers from l’IUPLSSS and social workers from CIUSSS de l’Estrie-Chus.
Method Firstly, this article aims to present this group intervention. Innovative features of the proposed program will be highlighted, followed by an overview of the clinical and empirical supports that recommend the use of groups and art to intervene with immigrants and refugees. A more detailed description of the intervention will follow, describing the objectives of the intervention as well as the intervention framework, including some necessary components to assure the therapeutic reach of the groups and the establishment of a safe space. Secondly, the article presents a brief summary of the preliminary results of a current study aiming to evaluate the impacts of the intervention. During this study, qualitative and quantitative data was collected from 3 groups (n = 17) and analyzed with content analysis and non-parametric analyses to measure the changes between pre and post intervention.
Results The results of the qualitative and quantitative analyses show that women report positive changes at the end of the group, namely in regard to post-traumatic stress symptoms and different dimensions of their well-being.
Conclusion To conclude, the advantages and limits of this intervention will be discussed, but also its relevance for the practice environments. Even if it isn’t the only answer for the intervention in a post-violence context, it consists of a good option for providing adapted services to the reality and needs of immigrants and refugees.

Keywords group intervention, creative expression, cross-cultural intervention,
refugees, immigrants, organized violence, violence towards women, trauma, appropriate
services

Auteurs : Maryse Benoit, Louise Rondeau et Elizabeth Aubin
Titre : Venir de loin et se retrouver : intervention de groupe pour femmes immigrantes et réfugiées ayant vécu la violence
Revue : Santé mentale au Québec, Volume 45, numéro 2, automne 2020, p. 147-168
URI : https://id.erudit.org/iderudit/1075393ar
DOI : https://doi.org/10.7202/1075393ar

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