Mens sana in corpore sano : l’intérêt de l’activité physique auprès des jeunes ayant eu un premier épisode psychotique

Ahmed Jérôme Romain
École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique, Université de Montréal
Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal
Paquito Bernard
Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal
Département des sciences de l’Activité physique, Université du Québec à Montréal
Florence Piché
École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique, Université de Montréal
Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal
Laurence Kern
Laboratoire VCR, École de psychologues praticiens de l’Institut catholique de Paris – Équipe d’accueil religion, culture et société, Paris
EA 2931, LINP2-2APS (Laboratoire interdisciplinaire en neurosciences, physiologie et psychologie : apprentissages, activité physique et santé), Université Paris Nanterre
EA 4430, CLIPSYD (psychologie clinique, psychanalyse et psychologie du développement) Université Paris Nanterre8. Service santé mentale jeunesse, Centre hospitalier de l’Université de Montréal
Clairélaine Ouellet-Plamondon
Clinique JAP, Centre hospitalier de l’Université de Montréal
Amal Abdel-Baki
Clinique JAP, Centre hospitalier de l’Université de Montréal
Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM)
Marc-André Roy
Département de psychiatrie et neurosciences, Faculté de médecine, Université Laval, Québec
Centre de recherche CERVO, Québec

Vous pouvez télécharger l’article en cliquant sur le lien suivant :

Ahmed Jérôme Romain

RÉSUMÉ Objectifs Au cours des dernières années, les enjeux reliés à la santé physique ont pris une place importante dans le suivi des jeunes ayant vécu un premier épisode psychotique (PEP). En effet, comparativement à la population générale, les personnes avec un diagnostic de trouble psychotique ont une espérance de vie diminuée de 15 ans, les problèmes de santé physique expliquant 60 à 70 % de cette diminution. Ainsi, l’activité physique est considérée comme une nouvelle stratégie dans le processus de rétablissement des jeunes. L’objectif du présent article est de couvrir les différents enjeux de santé physique des PEP et les impacts de l’activité physique.
Méthodes Revue narrative traitant des enjeux de santé physique, du rôle des antipsychotiques, de la nécessité de surveillance des paramètres métaboliques ainsi que de l’amélioration des habitudes de vie (p. ex. tabagisme, sédentarité, inactivité physique, mauvaise alimentation) des jeunes PEP. L’impact de l’activité physique sur la santé physique et mentale et la cessation tabagique ainsi que l’intérêt de la thérapie d’aventure dans le processus de réadaptation seront abordés. Enfin, nous proposerons des stratégies motivationnelles et des outils, visant à promouvoir l’activité physique. Dans les différentes sections, nous étayerons nos arguments avec les plus hauts niveaux de preuve disponibles (p. ex. méta-analyses, revues systématiques, essais randomisés contrôlés, études de cohorte, N sur 1) et mettrons en exergue des implications pour la pratique clinique. Pour les sujets pour lesquels les données portant sur les PEP sont rares ou inexistantes, nous référerons à la littérature portant sur des stades plus tardifs de la maladie.
Résultats Les problèmes de santé métabolique peuvent être présents avant même le début du traitement par antipsychotiques et progressent rapidement par la suite. Les différentes habitudes de vie, souvent inadéquates, contribuent au développement de ces problèmes. Dans un contexte d’intervention précoce, plusieurs types d’activité physique ont montré des bénéfices sur la santé physique, les symptômes psychotiques, le fonctionnement et plus globalement dans le processus de rétablissement. Néanmoins, sa pratique spontanée et régulière demeure limitée, principalement en raison de problèmes de motivation. Les approches d’activité physique doivent être adaptées à la population et plusieurs facteurs considérés, tels que le type d’activité physique, son contexte, l’intensité, la fréquence, les paramètres motivationnels ou encore le soutien/supervision de la part des professionnels de santé.
Conclusion Au plan physique tout comme au plan psychiatrique, les années suivant le début du traitement pour un PEP constituent une période critique et l’activité physique est une intervention qui gagne à être intégrée dans l’éventail des services offerts dans les cliniques PEP, vu les impacts positifs sur différentes dimensions du rétablissement.

Mots-clés : activité physique, habitudes de vie, obésité, psychiatrie et mode de vie

A Healthy Mind in a Healthy Body: The Value of Physical Activity for Youth With First Episode Psychosis

ABSTRACT Objectives In recent years, issues related to physical health took on a major role in the care of youth who experienced a first episode psychosis (FEP). Compared to the general population, people with a psychotic disorder have a reduced life expectancy of 15 years, with physical health problems accounting for 60 to 70% of that part. With the increased awareness about these issues, physical activity is considered as a new prevention and intervention strategy in the recovery process for youth with a FEP. The objective of the present article is to summarize the different physical health issues in FEP and the impacts of physical activity.
Methods Narrative review addressing physical health issues, the role of antipsychotics, the need for metabolic monitoring, and for improvement of lifestyle habits (e.g., smoking, sedentary lifestyle, physical inactivity, poor diet) in youth with a FEP. The impact of physical activity on physical and mental health, on smoking cessation as well as the interest of adventure therapy in the recovery process will be discussed. Finally, we will propose motivational strategies and tools to promote physical activity. In the different sections, we will support our arguments with the highest levels of evidence available (e.g., meta-analyses, systematic reviews, randomized controlled trials, cohort studies, N-of-1) and highlight implications for clinical practice.
Results Metabolic health problems progress rapidly after the initiation of antipsychotic treatment, and inadequate lifestyle habits contribute to the development of these problems. In an early intervention context, several types of physical activity have shown benefits on physical health, psychotic symptoms, functioning and more generally in the recovery process. Nevertheless, few patients spontaneously engaged in regular physical activity because of low motivation. Physical activity interventions should be adapted to the FEP population and several factors taken into consideration such as the type of physical activity, its context, intensity, frequency, motivational parameters, and support/supervision from health professionals.
Conclusion From a physical and a psychiatric perspective, the years following treatment initiation for FEP are critical. Considering its positive impacts on different dimensions of recovery physical activity interventions should be integrated into the range of services offered in early intervention services.

Keywords: physical activity, health behaviour, obesity, lifestyle psychiatry

Auteurs : Ahmed Jérôme Romain, Paquito Bernard, Florence Piché, Laurence Kern, Clairélaine Ouellet-Plamondon, Amal Abdel-Baki et Marc-André Roy
Titre : Mens sana in corpore sano : l’intérêt de l’activité physique auprès des jeunes ayant eu un premier épisode psychotique
Revue : Santé mentale au Québec, Volume 46, numéro 2, automne 2021, p. 249-276
URI : https://id.erudit.org/iderudit/1088185ar
DOI : https://doi.org/10.7202/1088185ar

Tous droits réservés © Département de psychiatrie de l’Université de Montréal, 2021