La folie, c’est de n’avoir pas d’autres normes que soi-même : la psychiatrie au cours de l’après-guerre au Québec
Isabelle Perreault
Ph. D., Département de criminologie, Université d’Ottawa, Ottawa, Canada
Résumé
Au début des années 1950, la publication du Diagnostic and Statistical Manuel (DSM-I) et l’arrivée de la psychopharmacologie, avec la chlorpromazine (Largactil), posent les bases d’une psychiatrie encore actuelle. Au cours de cette décennie, en 1955, le département de psychiatrie de l’Université de Montréal est fondé. Une cohorte de jeunes chercheurs, fraîchement débarqués de la France et de la côte est des États-Unis, y sont associés. Ils commencent dès lors à critiquer le système asilaire de l’époque, un système qui sera restructuré à la suite de la Commission d’étude des hôpitaux psychiatriques (Rapport Bédard) en 1962. Un fort mouvement de désinstitutionnalisation s’opère alors en parallèle à la laïcisation des institutions psychiatriques au Québec. Cet article explore le courant intellectuel conjoint à cette époque, l’antipsychiatrie, et soulève des éléments souvent passés sous silence lorsqu’il est question de la psychiatrie au cours de l’après-guerre.
Mots clés : psychiatrie, antipsychiatrie, histoire, Québec, après-guerre
Abstract
Madness is Conforming to One’s Own Norms, and No Others: Psychiatry in Post-war Quebec
In the early 1950s, both the publication of the first Diagnostic and Statistical Manual (DSM-I) and the advent of psychopharmacology – particularly the development of chlorpromazine (Thorazine – RP4650) – set the stage for models of psychiatric thought, research and practice that remain dominant today. It was during this pivotal period, in 1955, that the Département de psychiatrie de l’Université de Montréal was founded by a cohort of young researchers newly arrived from well-known universities in France and the northeastern United States. This influential group quickly became staunch critics of the province’s religion-based asylum system and lobbied for a government review that culminated into the 1962 Commission d’étude des hôpitaux psychiatriques (popularly known as the Bédard Report). What followed in Quebec between 1965 and 1975 was the secularization of psychiatric institutions and widespread deinstitutionalization. This paper illuminates cultural changes and intellectual shifts that have been overlooked in historical studies of post-war psychiatry by exploring the expansion of such “anti-psychiatry” schools of thought in Quebec in this period.
Key words: psychiatry, anti-psychiatry, history, Quebec, post-war
Auteure : Isabelle Perreault
Titre : La folie, c’est de n’avoir pas d’autres normes que soi-même : la psychiatrie au cours de l’après-guerre au Québec
Revue : Santé mentale au Québec, Volume 40, numéro 2, été 2015, p. 51-63
URI : http://id.erudit.org/iderudit/1033041ar
DOI : 10.7202/1033041ar
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