Les interventions de courte durée offertes par les centres locaux de services communautaires (CLSC) aux personnes traversant un épisode de troubles anxieux ou dépressifs : une étude longitudinale au Québec

Janie Houle
Université du Québec à Montréal
Corentin Montiel
Université du Québec à Montréal
François Lauzier-Jobin
Université de Sherbrooke
Stephanie Radziszewski
Université Laval
Catherine Hudon
Université de Sherbrooke
Pasquale Roberge
Université de Sherbrooke
Simon Coulombe
Université Laval
Annie Beaudin
Relief – le chemin de la santé mentale
Hélène Provencher
Université Laval
Martin Provencher
Université Laval

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Les interventions de courte durée

Résumé

Contexte Au Québec, les équipes de 1re ligne en santé mentale adulte (SMA) ont pour mandat d’offrir des services psychosociaux aux personnes qui vivent avec des difficultés de santé mentale, dont les troubles anxieux et de l’humeur. Suite à l’établissement de nouvelles balises cliniques en 2017, la durée des interventions ne devait pas dépasser 15 rencontres, sauf exception.

Objectifs Le volet longitudinal de l’étude Savoirs partagés avait pour but général d’évaluer l’expérience de soins des personnes avant un trouble anxieux ou dépressif recevant une intervention de courte durée (< 15 rencontres) par les équipes de 1re ligne en SMA et l’évolution de leur rétablissement dans le temps. Plus précisément, les objectifs poursuivis étaient de : 1) déterminer l’appréciation des interventions de courte durée par les personnes utilisatrices de services ; et 2) évaluer l’évolution dans le temps de la symptomatologie, du fonctionnement, de la qualité de vie et du rétablissement des personnes qui reçoivent les interventions de courte durée.

Méthode Un devis longitudinal mixte a été utilisé. Des entrevues téléphoniques ont été réalisées avec les personnes utilisatrices de services afin d’évaluer, de manière quantitative et qualitative, les variables suivantes : appréciation des services reçus, qualité de la relation avec l’intervenant (INSPIRE), symptômes de dépression (PHQ9), symptômes d’anxiété (GAD7), fonctionnement global (WHODAS), qualité de vie (ReQOL) et rétablissement personnel (ERTAD). Des analyses par modèles linéaires mixtes ont été effectuées pour examiner les changements dans le temps avec les mesures quantitatives. Des analyses de contenu ont été menées sur les données qualitatives.

Résultats Au total, 63 personnes ont participé à une entrevue avant le début de leur intervention et 22 après la fin de celle-ci. Les analyses statistiques ont montré une amélioration significative des symptômes d’anxiété, de la qualité de vie et du rétablissement personnel, mais aucune différence n’a été observée en ce qui concerne les symptômes de dépression et le niveau de fonctionnement. Près de la moitié (47,4 %) des personnes participantes ont rapporté que l’intervention reçue avait « complètement » répondu au besoin qui les avait amenées à consulter et 33,3 % se sentaient « complètement » équipées ou outillées dans leur rétablissement. Parmi les éléments particulièrement appréciés, on retrouve la qualité de la relation avec l’intervenant(e), la possibilité de prendre part aux décisions, ainsi que la personnalisation de l’intervention en fonction de leurs besoins et de leurs préférences.

Conclusion Les interventions de courte durée semblent être appréciées et produire des effets positifs chez plusieurs personnes souffrant de troubles anxieux ou dépressifs. Elles demeurent toutefois insuffisantes pour un certain nombre d’entre elles. Une mesure de rétablissement personnel devrait être utilisée en complémentarité avec des échelles de symptomatologie et de fonctionnement pour suivre l’évolution des personnes qui utilisent les services de 1re ligne en santé mentale.

Mots-clés :

  • dépression,
  • anxiété,
  • rétablissement,
  • expérience de soins,
  • étude longitudinale

Abstract

Context In Quebec, adult mental health (AMH) first-line teams are mandated to provide psychosocial services to people living with mental health difficulties, including anxiety and mood disorders. Following the establishment of new clinical guidelines in 2017, the duration of interventions was not to exceed 15 sessions, with some exceptions.

Objectives The overall aim of the longitudinal component of the Shared Knowledge study was to evaluate the care experience of individuals with an anxiety or depressive disorder receiving a short-term intervention (<15 sessions) by first-line AMH teams, and the evolution of recovery over time. Specifically, the objectives were to: 1) determine the appreciation of short-term interventions by service users; and 2) assess the evolution over time of the symptomatology, functioning and quality of life and recovery of individuals receiving short-term interventions.

Method A mixed method longitudinal design was used. Telephone interviews were conducted with participants, in which the following variables were quantitatively and qualitatively assessed: appreciation of services received, quality of relationship with the provider (INSPIRE), depressive symptoms (PHQ-9), anxiety symptoms (GAD-7), global functioning (WHODAS), quality of life (ReQOL), and personal recovery (ERTAD). Linear mixed model analyses were performed to examine changes over time on quantitative measures. Content analysis was performed on the qualitative data.

Results A total of 63 individuals participated in an interview before the start of their intervention and 22 of them participated after the end of this intervention. Statistical analyses showed a significant improvement in anxiety symptoms, quality of life, and personal recovery, but no difference was observed in depressive symptoms and level of functioning. Nearly half (47.4%) of participants reported that the intervention they received had “completely” met the need that had led them to seek help, and 33.3% felt “completely” equipped or empowered in their recovery. The quality of the relationship with the caregiver, the opportunity to take part in decision-making, and the personalization of the intervention according to their needs and preferences were some of the elements that were particularly appreciated.

Conclusion Short-term interventions seem to be appreciated and produce positive effects in many people suffering from anxiety or depressive disorders. However, they remain insufficient for a number of them. A personal recovery measure should be used in conjunction with symptomatology and functioning scales to monitor the progress of people using first-line mental health services.

Keywords:

  • depression,
  • anxiety,
  • recovery,
  • care experience,
  • longitudinal study,
  • short-term interventions

Auteurs : Janie Houle, Corentin Montiel, François Lauzier-Jobin, Stephanie Radziszewski, Catherine Hudon, Pasquale Roberge, Simon Coulombe, Annie Beaudin
Titre : Les interventions de courte durée offertes par les centres locaux de services communautaires (CLSC) aux personnes traversant un épisode de troubles anxieux ou dépressifs : une étude longitudinale au Québec
Revue : Santé mentale au Québec, Volume 48, numéro 2, automne 2023
p. 95-120
URI : https://id.erudit.org/iderudit/1109835ar
DOI : https://doi.org/10.7202/1109835ar